2022 oct Pourquoi les élus de Guéret (Creuse) ne veulent pas d’un méthaniseur en zone d’activités ?

Média localMédia local - article

Le projet de méthaniseur envisagé au nord de Guéret ne convainc pas les élus municipaux. Ils ont donné un avis défavorable, lundi soir, lors d’un conseil extraordinaire.

La Montagne, logo. Tous droits réservés

La présentation du projet de méthaniseur avait laissé certains élus municipaux plutôt dubitatifs, lors du conseil du 26 septembre. Le projet : deux digesteurs, un espace de stockage des intrants et des cuves pour les restes de digestat implantés sur une parcelle de 1,7 hectare de la zone d’activité de Guéret Nord, desservie par la rue du Cros.

Le site est prévu pour recevoir 27.800 tonnes/an de matières organiques, composées pour moitié de fumier et pour l’autre de fauche de prairie. Le méthaniseur doit produire l’équivalent de 7,4 % de la consommation en gaz du Grand Guéret.

Un audit avec plusieurs intervenants

À la demande de Gilles Brunati (opposition), un audit a eu lieu ce lundi 17 octobre. L’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), France Nature Environnement et Engie Bioz ont répondu aux
questions des élus : ces derniers devaient voter, dans la foulée, sur l’avis à donner concernant ce projet lors d’un conseil municipal extraordinaire.
Les intervenants d’Engie Bioz n’ont pas réussi à convaincre Gilles Brunati :
« On ne peut pas être contre le procédé technique de la méthanisation?, mais sa mise en place doit être précise et proportionnée, ce qui n’est pas le cas ici ». Et d’ajouter : « Il y a des incohérences sur toute la ligne : la sobriété énergétique est complètement oubliée, la production des entrants pousse à renforcer l’agriculture intensive et l’accaparement des terres, c’est incohérent sur la politique d’attractivité du territoire, sur la biodiversité, sur la sécurité de l’installation, sur les calculs relatifs au bilan carbone… tout cela pour 7 % de la consommation annuelle du Grand Guéret. Ce dossier est mal ficelé, incomplet, et le projet est surdimensionné ».
Sylvie Bourdier (opposition, du même groupe que Gille Brunati), va dans son sens : « La priorité devrait être non pas de produire plus, ni même de produire autrement, mais de réduire drastiquement nos consommations publiques, industrielles et privées ».

Un avis partagé par d’autres élus municipaux. Comme Fahousia Houmadi, adjointe au maire. « Comment peut-on construire un bâtiment sur un site de remblai ?  »
Une interrogation rapidement contredite par Éric Correia. « Le terrain n’est pas du remblai, c’est un terrain pour des constructions industrielles, prévu à l’époque par André Lejeune. Michel Vergnier, es-tu irresponsable à ce point-là d’avoir mis du remblai ? À côté, il y a l’entreprise Amis, qui n’en est pas encore à se fissurer il me semble. Je vous rassure, il n’y a pas de soucis par rapport aux terrains, il est voué à accueillir des activités industrielles. »
Du même groupe qu’Éric Correia, Benoît Lascoux (opposition) ajoute : « On sait qu’il n’y a pas de solution miracle, il faut se projeter sur l’avenir. Bien sûr, il faut prôner la sobriété en priorité. Mais c’est un peu facile de se positionner comme écologiste en refusant tout.  »

Changements d’avis

Michel Vergnier (opposition) a décidé de voter contre ce projet. « Pourtant je voulais m’abstenir. Ce qui m’a inquiété, c’est l’Ademe qui dit “le projet en état n’a ni garantie sur les entrants, ni sur les résultats économiques”. J’étais stupéfait.  »
Rien de surprenant pour Éric Correia : « Engie Bioz a dit que le projet n’etait pas ficelé. Pourquoi ? Parce qu’il faut suivre le process administratif, on dépose le projet quand il n’est pas abouti au niveau économique. Ils ne s’en sont pas cachés ».
Michel Vergnier n’est pas le seul à avoir changé d’avis après avoir entendu les intervenants de l’Ademe, de France Nature Environnement et d‘Engie Bioz.
C’est aussi le cas d’Erwan Gargadennec, adjoint en charge des finances. « Je pense que la méthanisation est un procédé intéressant, mais à cette échelle industrielle… ça m’interpelle. J’ai toujours des questionnements et on n’a pas eu de réponse claire sur certains points. Si j’avais un avis favorable il y a quelques semaines, il l’est moins aujourd’hui. »
Tout comme Guillaume Viennois : « J’étais favorable à la méthanisation jusqu’à aujourd’hui, et j’ai changé d’avis ce soir. Les réponses qui m’ont été données ce soir ne répondent pas à mes inquiétudes. Il n’y a pas de lisibilité. »

21 voix contre

François Vallès (majorité) enfonce le clou : « Si c’est pour construire d’immenses éoliennes, des champs de photovoltaïque et d’immenses méthaniseurs… je ne vois pas l’intérêt de se lancer dans ce genre de société. Je ne vois pas d’intérêt financier pour la ville. Et je ne vois pas l’investissement des agriculteurs sur un projet qui repose sur eux.  »

Finalement, 21 élus ont voté contre le projet, cinq se sont abstenus et sept ont été favorables. Un vote uniquement consultatif : c’est l’enquêteur public qui décidera de l’avenir du projet de méthanisation de Guéret.
Ce sera au tour des élus communautaire de donner leur avis, ce jeudi 20 octobre, lors d’un conseil qui aura lieu à l’aire des Monts de Guéret.

Sophie Emery
La Montagne, édition Creuse, 20 octobre 2022. Tous droits réservés
https://www.lamontagne.fr/gueret-23000/politique/pourquoi-les-elus-de-gueret-creuse-ne-veulent-pas-d-un-methaniseur-en-zone-d-activites_14203787/


jeudi 20 octobre 2022